Beaux livres et livres illustrés : maquette papier et maquette numérique

6 novembre 2016

 

Cet article a pour objectif d’exposer quelques différences structurelles entre la maquette d’un livre papier illustré et celle du livre numérique correspondant, et d’apporter des solutions pour des ebooks agréables à  lire. Il s’adresse d’abord aux éditeurs qui désirent approfondir leur connaissance du livre numérique, ainsi qu’à  tous ceux qui veulent mieux comprendre le monde passionnant des ebooks.

De manière très naturelle, l’éditeur qui a toujours travaillé pour le livre papier est désorienté par le livre numérique.

Dans cet article, après un retour sur le livre papier, nous exposerons ce qui le différencie structurellement du livre numérique, puis nous étudierons quelques éléments qui distinguent une maquette d’un livre papier illustré de celle d’un livre numérique, et proposerons des solutions adaptées à  la lecture numérique.

Si vous débutez dans le livre numérique, nous vous conseillons de commencer par la lecture de cet article, plus orienté vers l’expérience du lecteur.

I. Rappels sur quelques caractéristiques du livre papier illustré et sa maquette

Créer un beau livre, faire passer des émotions au travers du texte, du choix des images, d’une belle maquette, sont quelques-uns des privilèges, des prérogatives, des contraintes et des joies de l’éditeur.

Un livre papier est une entité complète, à  la fois support, format, présentation, contenu. Ces caractéristiques peuvent le rendre unique… ou pas. En effet, cela peut dépendre des attentes du lecteur en face de ses livres.

Certains bibliophiles seront d’abord attachés à  la reliure, à  sa matière (maroquin, chagrin, etc.), son format (in-4°, etc.). D’autres seront sensibles aux papiers (vergé, vélin, couché, bible, etc.), d’autres lecteurs seront enfin plus sensibles à  la qualité des contenus, à  la facilité de lecture, au corpus des notes qui accompagnent le texte principal.

La collection de la Pléiade est à  ce titre un exemple emblématique. Reliure pleine peau, papier bible, auteurs de référence, textes choisis avec soin, notes de complément, la collection a parfaitement rempli le rà´le qui lui a été assigné. Mais elle est maintenant un choix parmi d’autres. On peut en dire de même de nombreux livres d’art ou des catalogues de maisons de vente. D’autres outils sont apparus qui permettent au lecteur de retrouver facilement un passage ou une phrase resté dans son souvenir sans devoir feuilleter des centaines de pages, qui permettent, quand la vue a baissé avec l’âge, de passer du corps 9 (natif proposé par l’éditeur) à  un corps 12. Le lecteur peut apprécier aussi par exemple de lire sur tablette dans son lit la nuit sans réveiller son conjoint.

On a vu dans un autre article (ici) qu’à  la différence du livre papier qui est un tout, le livre numérique se compose de quatre éléments :

– le terminal de lecture (tablette pour les livres illustrés, liseuse pour les livres « noirs »),
– un format de lecture (epub2 pour l’interopérabilité),
– un programme de lecture (ou e-reader) à  choisir avec soin,
– du contenu lui-même, que nous appellerons livre numérique ou ebook.

Dans le monde de la lecture numérique, le lecteur, en s’attribuant le choix de son type de tablette (le format du livre papier) et de son programme de lecture (ainsi que la police, le corps, etc.), a pris une partie des pouvoirs de l’éditeur.

Celui-ci n’en a pas toujours conscience, et peut vouloir chercher à  publier une version numérique d’un livre papier sans forcément savoir ce qu’il est bon de faire. Dans le cas le pire, non conscient de la réalité, l’éditeur reprend le pdf qui a servi à  l’imprimeur et demande de réaliser la même maquette pour le livre numérique. C’est le cas par exemple de certains magazines qui vendent des versions soi-disant « numériques » qui ne sont rien d’autres que des pdf.

II. Quelques cas de transposition d’une maquette de livre illustré en numérique

Les exemples ci-dessous vont nous permettre d’abord de montrer l’erreur que constitue la reprise à  l’identique de la maquette d’un livre papier et les solutions que nous proposons pour apporter un réel confort de lecture dans la version numérique d’un livre illustré.

Le maquettiste d’un livre numérique doit d’abord prendre en compte que le lecteur n’a sous les yeux, dans une utilisation de la tablette en mode portrait (le plus souvent utilisé) qu’une seule page et non pas deux.

Que se passe-t-il alors quand, sur le livre papier, le maquettiste a fait le choix de positionner une image à  cheval sur 2 pages (ou pire de mettre une image sur un paravent (ou accordéon) ?

Cas n°1 : image sur 2 pages

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Cas n°2 : légende sur une page différente de celle de l’image

La maquette d’un livre illustré papier montre souvent la légende d’une image sur une page différente de celle-ci. Si on reprend la maquette à  l’identique, l’affichage va être dépendant des choix de l’utilisateur pour la police et le corps.

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La solution consiste à  transformer une image en un objet (image + légende).

Cas n°3 : format de livre papier plus allongé que celui de la tablette

Dans la chaîne du livre papier, l’éditeur maîtrise à  la fois le format du papier et celui de l’image qu’il inclut. Il est donc sà»r que la taille de l’image est cohérente avec celle du papier.

Dans le monde du numérique, la taille de l’image n’est pas forcément cohérente avec les différentes tailles d’écrans de tablettes. Les images sont contraintes par le rapport hauteur/largeur de la tablette qui varie d’une tablette à  l’autre.

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Autre exemple simple, au sein des livres papier, on trouve souvent plusieurs images du même tableau. Le tableau est montré en entier, puis un focus est réalisé sur un détail agrandi. Le numérique permet d’avoir une approche un peu différente. Une autre photo pour le détail n’est plus nécessaire puisque le tableau est agrandissable.

Conclusion

Nous aurions pu développer sur d’autres exemples, mais la démonstration est suffisante. Partir de la maquette d’un livre papier et tenter de la respecter pour un livre numérique est voué à  l’échec, non technique, mais ergonomique, esthétique, pratique.
Une maquette numérique doit être conçue en prenant en compte l’outil, les atouts et les choix qu’il offre au lecteur. À cette condition, on obtiendra un ebook plaisant et agréable à lire, pour le plaisir du lecteur.

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